Leïla Slimani

À travers une œuvre d’où sourd la révolte, l’écrivaine Leïla Slimani explore la violence insidieuse de destins féminins. Son premier roman, Dans le jardin de l’ogre (2014), met en scène Adèle, une jeune femme qui tente de noyer ses angoisses existentielles dans une sexualité extra-conjugale débridée, tandis qu’«une inquiétude atroce a fait son nid en elle». Chanson douce (Prix Goncourt 2016) creuse plus avant encore dans le tréfonds d’une personnalité délabrée. Louise, nounou aux apparences irréprochables, ressemble à «une mer paisible, dont personne ne pourrait soupçonner les abysses». Aussi discrète qu’indispensable, elle s’immisce dans la maisonnée. «Hantée par l’impression d’avoir trop vu, trop entendu de l’intimité des autres», la confusion mentale, le désir impérieux de faire monde avec ceux dont elle a la charge, la feront basculer. Le Pays des autres (2020), premier volet d’une trilogie familiale et romanesque qui se déroule au Maroc, traite de l’angoisse du déclassement et du malheur de n’appartenir à aucune communauté.